Cela faisait un moment que nous n’étions pas allées faire une incursion chez Maison Crivelli ! Je vous propose de nous intéresser sans plus attendre à leur dernier lancement, aussi atypique que toutes les autres créations de cette jeune marque de niche : Lys Sølaberg.
Maison Crivelli Lys Sølaberg : mon avis !
J’ai déjà eu l’occasion de vous offrir une présentation de Maison Crivelli, une adresse encore confidentielle mais qui nous a livré en quelques années une impressionnante collection de fragrances, et en choisissant cet adjectif, je parle avant tout de la richesse de leur palette olfactive plus que du nombre. Cette maison étant encore relativement jeune, son catalogue reste pour le moment peu étoffé, vous vous en doutez. 10 jus au total.
J’avais eu quelques coups de cœur, pour Rose SaltifOlia notamment, une étonnante rose salée, absolument délicieuse. Les mariages inattendus, les sensations inédites, c’est un peu la signature de Maison Crivelli, en plus de vouloir produire du « Slow Perfume » avec une approche quasi artisanale. Cela passe par la qualité et le sourcing méticuleux des matières premières employées (beaucoup proviennent de plantations durables), mais aussi par le positionnement global de la marque : pas de phtalate, pas de colorant, des flacons et des packagings éco-conçus…
Leur dernière création ? Lys Sølaberg, une fragrance signée Nathalie Feisthauer, parfumeuse qui avait déjà œuvré chez Maison Crivelli en donnant naissance à Absinthe Boréale, l’un de mes autres jus de prédilection.
Voici la parole officielle de la marque :
« Soleil de minuit, cascade délicieuse.
Fjord en fleurs, coing confit.
Lys fumé, nacré. Toit en herbe.
Pont de granite, tapis de tourbe.
Fûts de chêne grillés. »
Famille olfactive : ambré boisé floral.
Notes olfactives : fleur de lys, coing, huile essentielle de calamus, bois de gaiac, ambroxan, absolu de mousse de chêne, huile essentielle de cèdre, absolu de copeaux de chêne torréfié, absolu de tabac, huile essentielle de ciste labdanum.
J’ai été très surprise par cette nouveauté, et pour tout vous avouer, lors du test sur mouillette, je n’avais pas été totalement convaincue. Comme quoi, l’adage disant qu’on ne connait réellement un parfum qu’en passant une nuit avec lui n’est pas si éloigné que cela de la vérité.
A la première vaporisation, Lys Sølaberg m’a de suite évoqué un univers très masculin. Vous connaissez pourtant mon point de vue sur la question : le parfum ne peut et ne doit pas être genré puisqu’il relève avant tout de l’émotion mais, il faut tout de même reconnaître que certains marqueurs sont indéniablement plus virils que d’autres. Ici les bois, et ce fond fumé aux accents de tabac… J’avais à peine perçu le lys et j’étais restée sur une impression de jus lourd et sans relief, le genre que l’on à peine à adopter tant on sait que son sillage risque d’être écrasant.
Si vous lisez régulièrement le blog, vous savez que c’est à peu près l’exact opposé de ce que j’aime porter… J’aime les parfums lumineux, hauts et clairs, les odeurs de peaux et de fleurs blanches et je porte peu de fragrances boisées. J’avais donc laissé sagement décanter ce lys étrange sur ma coiffeuse pour y revenir le moment voulu et avec le recul, je me dis que j’ai drôlement bien fait d’insister !
Lys Sølaberg fait partie de ces créations exigeantes que seuls les odorats les plus affutés pourront apprécier. Elle se fait désirer comme la jeune femme timide qui n’acceptera de vous conter son histoire qu’après des heures à ses côtés. Passé un départ un peu musclé, on découvre progressivement la subtilité du bouquet, la texture des matières premières. Je ne sais pas si l’image vous parlera, mais je dirais que Lys Sølaberg est un parfum à la force délicate…
Le lys est travaillé de façon assez originale, très végétale, et ressort assez peu sur ma peau. Il est beaucoup moins volubile qu’à son habitude et, même s’il est impossible de passer à côté de sa présence, il laisse ainsi toute la liberté aux autres ingrédients de s’exprimer : le coing légèrement épicé et sa gourmandise toute relative, à peine chuchotée dans les notes de tête, et surtout cette incroyable forêt peuplée de cèdres, de chênes, de gaiac… Le Lys a presque un rôle secondaire ce qui est assez rare car habituellement il a plutôt tendance à éclipser toutes les autres matières premières par son opulence. Il est juste un élément du paysage : un champ de lys découvert au hasard d’une ballade nocturne dans un fjord norvégien.
Les notes de fond sont incroyables et c’est pourtant moi, de coutume peu attirée par les bois qui vous dit cela. Je ne devine aucune sècheresse, plutôt des bois moussus et ardents, presque caramélisés qui évoluent rapidement vers une odeur un peu fumée.
La tenue est excellente, le sillage très dévellopé et vous laisserez inévitablement une trace de votre passage !
Je ne peux pas parler d’un coup de cœur, mais c’est un parfum plaisant à porter ne serait-ce que pour l’agréable jeu de pistes dans lequel il vous plonge dès les premiers instants. Les ingrédients ne sont pas aisément lisibles, le lys se fond totalement dans les bois, mais c’est cela qui est séduisant : ce côté très lisse en surface et toutes ces aspérités cachées sur lesquelles on peut mettre le doigt lorsque le parfum se réchauffe.
Contrairement à ce que je m’étais figuré au premier pschitt, Lys Sølaberg se plaira aussi bien sur la peau d’un homme que sur celle d’une femme, mais en revanche, il faudra une sacrée personnalité pour pouvoir l’assumer pleinement ! C’est un jus chaud, racé, dont l’originalité réside surtout dans ce lys un peu sauvage et végétal qui a toutefois assez de rondeur et de chair pour venir adoucir les facettes fumées des bois. Joli mais forcément segmentant… Un vrai parfum de niche ! 😉
Si vous souhaitez le découvrir, il est disponible à partir de 80 € les 30 ml, juste ici → Galeries Lafayette.
Je vous dis à très vite,
Lili.
